Opéra Comédie : Exils, un concert hommage à Rosa Luxemburg
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Opéra Comédie : Exils, un concert hommage à Rosa Luxemburg

Exils est le premier spectacle lyrique d’un nouveau cycle proposé par l’Opéra Orchestre National de Montpellier autour d’œuvres d’artistes et de compositeurs ayant subi l’exil.

Rosa Luxemburg constitue le fil rouge du concert, qui couvre la Première Guerre mondiale jusqu’aux conflits actuels. La militante révolutionnaire et pacifiste est incarnée par la comédienne Lise-Dehlia Chemsseddoha. On découvre par une voix off ses appels à la paix, son amour de la nature et d’autres écrits de Sonia Hossein-Pour qui réinvente une Rosa Luxemburg contemporaine.

Images et reportages de guerre

Berliner Requiem (1928) de Kurt Weill est la principale composition. L’œuvre aux textures innovantes voire grinçantes, inspirée de Rosa Luxemburg, est une commande de la Radio de Francfort pour le dixième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Par son format radiophonique et sa vocation d’éducation populaire, cette partition a atteint un large public. Sur des poèmes de Bertolt Brecht, cette cantate profane réunit un effectif restreint : le ténor Fabien Hyon, le baryton Julian Arsenault, un chœur d’hommes et l’orchestre avec des saxophones, une guitare, un banjo…

Le chef d’orchestre George Jackson dirige les musiciens et les trois solistes dont Natalia Ruda, mezzo-soprano ukrainienne qui a intégré le chœur de Montpellier en 2023.

Pour la mise en scène, Mathilda du Tilleul McNicol montre la sensibilité à la nature de Rosa Luxemburg qui a été passionnée de botanique, de minéralogie et par l’ornithologie. Sur scène, sa cage-prison est envahie de plantes, d’herbes folles. Mathieu Cabanes intervient pour la lumière, dimension importante de la scénographie.

Mathilda du Tilleul McNicol s’appuie aussi sur des reportages de guerre : « Le travail journalistique est une partie intégrante du spectacle qui inclut des productions du photoreporter et cinéaste néerlandais Jelle Krings. » LOde à un rossignol (1985) de Valentin Silvestrov – un des plus grands compositeurs d’Ukraine, contraint à l’exode en 2022 -, est une traversée musicale d’images de Jelle Krings, au plus près du malheur de ceux qui ont tout perdu.

Nostalgie de sons

Né en 1937, Silvestrov a composé la musique du film Le temps qui reste de François Ozon. Très marqué par la mélancolie, il traduit le traumatisme d’un changement de monde où ce qui fut notamment au XXe siècle disparaît à jamais. Sa musique se caractérise par une nostalgie de sons – souvent imaginaires -, et un lyrisme vocal pour une relecture du célèbre poème de John Keats.

Rubayat (1980) de la compositrice russe Sofia Goubaïdoulina est une méditation sur le sens de l’existence, l’écriture vocale a une forte dimension mystique. En 1979, cette artiste a été inscrite sur la liste noire des musiciens car ses créations trop abstraites ne correspondaient pas aux attendus musicaux de l’Union Soviétique. Après un exil intérieur, elle fuit son pays en 1992.

Friede auf Erden opus 13 (1907) – qui signifie Paix sur Terre – de Schoenberg conclut le concert l’inventeur du dodécaphonisme a fui le nazisme comme Weill. C’est une autre forme d’exil pour Stravinsky – qui ne se sentait pas suffisamment reconnu en France et qui choisit finalement les Etats-Unis. Sa partition Symphonies d’instruments à vent (1920) ouvre ce très riche spectacle, souhaité par Valérie Chevalier, directrice de l’Opéra Comédie.

Fatma Alilate

Exils

Opéra Comédie, Montpellier

Vendredi 7 et samedi 8 février à 20 heures

Programme

Igor Stravinsky (1882 – 1971) Symphonies d’instruments à vent

Kurt Weill (1900 – 1950) Das Berliner Requiem

Valentin Silvestrov (né en 1937) Ode à un rossignol

Sofia Goubaïdoulina (née en 1931) Rubayat

Arnold Schoenberg (1874 – 1951) Friede auf Erden opus 13

Rosa Luxemburg (1871-1919), Lettres de prison (traduction Alix Guillain), collection Les cahiers de curiosités, éditions Marguerite

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