La Force du destin de Giuseppe Verdi est à l’affiche de la saison de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie qui débute le 22 septembre. Le titre renvoie à la fatalité du destin : nos vies sont-elles issues de nos choix ou menées par la destinée ? Le chef américain Roderick Cox, nouveau directeur musical de l’Opéra Orchestre national Montpellier, dirigera cet opéra, célèbre pour son inventivité mélodique.
L’amour impossible
La Force du destin (version de 1869) est un poème lyrique en quatre actes, inspiré d’un mélodrame romantique espagnol. Guiseppe Verdi (1813-1901) révèle les conflits, les émotions et la violence des sentiments dans différents tableaux. Dans cet opéra, les personnages s’aiment, se déchirent. C’est une traversée de scènes épiques, religieuses et tragiques sur de longues années. La soprano mexicaine Yunuet Laguna interprète Donna Leonora, une femme forte dont l’existence est cernée par la malédiction. Son père, le marquis de Calatrava, s’oppose à son mariage avec Don Alvaro (le ténor Amadi Lagha), un descendant des Incas.
Alvaro tue le marquis de façon accidentelle et les amants sont condamnés à la fuite. Malgré leur séparation – car Leonora se croit abandonnée -, les amoureux restent pourchassés par la terrible vengeance de Don Carlo, le frère de Leonora – interprété par le baryton Stefano Meo.
La célèbre ouverture de La Force est souvent jouée indépendamment de l’œuvre. L’aria chanté par Leonora est rejoint par un climat de menaces confié aux cuivres. On y retrouve les thèmes de l’amour impossible, du destin, la quête vaine de l’apaisement… Le baryton Leon Kim dans le rôle comique du Frère Melitone, un moine prêcheur, apporte des moments décalés et amusants. Par ce personnage burlesque, Verdi affirme son anticléricalisme. L’opéra ancré dans son époque avec notamment l’unification de l’Italie a étrangement des échos actuels. Alvaro est l’étranger, le paria.
Roderick COX, Directeur musical de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie – Photo Guilhem CANAL067
Parties tragiques et comiques
La Force est un opéra exigeant dont la richesse musicale est portée par les musiciens et les interprètes. L’œuvre se caractérise par la répétition d’une force obscure, la marche implacable de la destinée et de ses malheurs. Roderick Cox a déjà dirigé un opéra à Montpellier mais désormais il est directeur musical de l’Opéra Orchestre de Montpellier. Malgré la trame tragique de La Force, il perçoit la recherche du pardon et de la rédemption des deux personnages principaux : « Les harpes sont angéliques et les nombreuses prières (…) donnent à cet opéra sa tinta musicale unique. »
Le metteur en scène Yánnis Kókkos propose une lecture de l’œuvre dans ses dimensions militaire et religieuse pour permettre une alternance entre les parties tragiques et comiques. Le décor est matérialisé par un couvent, des ruines dues à des batailles. Les images projetées pendant l’Acte III sont inspirées de James Ensor, peintre symboliste belge. L’atmosphère tend vers l’abstrait au dernier acte. A l’Opéra Berlioz, Yánnis Kókkos invite à la découverte d’un rêve partagé par les trois personnages principaux : « Leurs souvenirs se télescopent parfois, il peut il y avoir des manques, des visions, des ellipses. »
Fatma Alilate
La Force du destin de Giuseppe Verdi
Opéra Berlioz – Le Corum, Montpellier
Livret de Francesco Maria Piave
Roderick Cox, Directeur musical de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie – direction musicale
Yánnis Kókkos, mise en scène, décors et costumes
Stephan Grögler, collaboration artistique à la mise en scène ; Anne Blancard, collaboration artistique et dramaturgie ; Paola Mariani, costumes ; Marta Bevilacqua, chorégraphie ; Giuseppe di Iorio, lumières
Noëlle Gény, cheffe de chœur ; Chœur Opéra national Montpellier Occitanie ; Christophe Bernollin, chef de chœur ; Chœur de l’Opéra de Toulon ; Orchestre national Montpellier Occitanie
Avec : Yunuet Laguna, Donna Leonora di Vargas (prise de rôle) ; Amadi Lagha, Don Alvaro ; Stefano Meo, Don Carlo di Vargas ; Vazgen Gazaryan, Père Guardiano ; Leon Kim, Frère Melitone Éléonore Pancrazi, Preziosilla; Jacques-Greg Belobo, Le marquis de Calatrava ; Yoann Le Lan, Trabuco ; Séraphine Cotrez, Curra ; Laurent Sérou, un alcade ; Yonghyun Ryu, un chirurgien
Chanté en italien, surtitré en français et en anglais
Durée : ±3h40 avec entracte, Tarifs : 26€ à 80€
Dimanche 22 septembre – 17h, Mardi 24 septembre – 20h, Vendredi 27 septembre – 20h
Coproduction Fondazione Teatro Regio de Parme et Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie. Reprise en coproduction avec l’Opéra de Toulon.