Où l'on a vu un père se mettre en danger à Montpellier pour sa fille
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Où l’on a vu un père se mettre en danger à Montpellier pour sa fille

Retour sur l’action de Fabrice Moras, ce père qui est monté sur l’aqueduc des Arceaux au nom de sa fille.

 

 Mercredi Fabrice Moras aenjambé les protections de l’aqueduc des Arceaux. Chaque pas motivépar le visage de sa fille. Une fille qu’il dit ne pas avoir vu depuis5 ans. Ou comme chaque parent privé de son enfant, furtivement dansla rue ou en retrait à la sortie de l’école.

Pendant 2 h, ce Sétois de 42 ans, travailleur handicapé à 50 % sans emploiactuellement, a crié aux passants sa détresse et son amour pourMarina sa fille de 9 ans. Et en leitmotiv la lourdeur de la justice :trop longue, trop compliquée. A quelques dizaines de mètres, lecommandant de police David Brusset discute sans mal avec lui. Ledialogue est clair, l’homme ne montre aucune confusion ni signe defolie. Mais toujours la menace de sauter si sa demande de voir unjuge n’est pas entendue.

                                  Y a pas de justice ! J’aitout fait, je suis à bout !

Et comme pour sonhomologue nantais Serge Charnay monté sur une grue cinq joursauparavant, les médias observent, attendent, témoignent… Unepremière victoire pour Fabrice Moras qui avec sa situationpersonnelle attire une nouvelle fois l’attention sur les pèresprivés de leur enfant. Une vingtaine de journalistes se font l’échode cette méthode de protestation. Vecteurs par leur profession et acteursmalgré eux de ce drame social composé de paradoxes. Un pèrepeut-il se tuer s’il veut voir sa fille ? Les journalistes doivent-ilaccourir à chaque parent qui menace sa propre vie ?

A 30 mètres de haut, FabriceMoras ne doit évidemment pas se poser ces questions. Présent cejour-là à l’Assemblée Nationale, le député de l’HéraultSébastien Denaja joint par téléphone lui apporte une oreille attentive pendant unedizaine de minutes. Les médias ont toute son attention, despolitiques à Paris parlent de lui et le commandant de police DavidBrusset lui indique qu’il sera reçu par un juge aux affairesfamiliales.

Fabrice Moras se lève, marche en trébuchantquelques fois et rejoint les policiers qui l’accueillent sans heurt.Le ton n’aura jamais été élevé. Le père saluera même plus tardle travail de la police et leur qualité d’écoute. Devant une forêtd’objectifs et de micros, il monte libre dans une voiture de policeoù il est emmené au TGI à quelques mètres de là.

   “Il vaut mieux sourire avec ses enfantsque de marcher derrière un cercueil.

Devantle tribunal, le nombre de journalistes s’est considérablementréduit. Avec Fabrice Moras descendu, c’est son temps médiatique quicommençait à s’achever. Dans le flux de l’actualité, une info en chasse une autre. Prévenu le matin par Fabrice Moras, leprésident de SOS Papa Hérault Jean-Yves Graffin répond auxquestions : “Les actions il faut les faire administrativementplutôt qu’en spectacle. Cela n’enlève pas la souffrance. Il fautque l’on arrive à se mettre tous autour d’une table, mettre le coeursur la table et penser à nos enfants.” En première lignede son accusation, la justice qui “par son système est assezlongue et très coûteuse“. Quant à la méthode employée,qu’il comprend mais ne peut cautionner : “je ne veux pas quedes papas se suicident demain parce qu’ils n’auront pas été entendupar le système judiciaire.”

            “Je mebats pour ma fille, Une brèche est ouverte pour tous les papas de France.

Peu avant 18h,Fabrice Moras sort du tribunal. Seule une poignée de journalistesattendent son témoignage et ses premiers mots :”J’aiintroduit une nouvelle requête auprès du juge aux affairesfamiliales et rempli un dossier d’aide juridictionnelle“. Il détaille une situation difficile dès la naissance de sa fille,une relation tendue avec la mère et le grand-père, témoigne “avoirl’autorité parentale mais je ne peux pas voir ma fille pour defausses accusations“. Le père refuse toute solution demédiation car il ne se sent pas coupable des accusations portées etréclame désormais la garde exclusive. Son sac à dos justifie desannées de procédure judiciaire. Il en sort un livret de famillecomme la preuve de sa paternité. Et quand on lui demande s’ilenvisage d’autres actions sa voix devient grave : “Possibleet peut être pire. Je vous laisse imaginer“.

Lecombat des pères est compréhensible, évidemment empathique etparadoxalement injuste. Car si le père a été écarté de la vie desa fille, la mère devient diabolisée aux yeux de tous en l’espaced’une action choc. Comment croire qu’un homme menaçant de sesuicider parce qu’il veut voir sa fille soit un mauvais bougre ? Dela dictature de l’émotion à un spectacle morbide, faut-il quetoutes les causes soient défendues de la sorte ? Que des personnesen arrivent à se mettre en danger pour se faire entendre ou recevoir? Et la question que tout le monde se pose : et si un jour quelqu’unsautait ?

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Cedric Nithard

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