« Traiter cette matière de danse avec mesprincipes chorégraphiques me permet d’imaginer construire des scènes quipeuvent exprimer mes préoccupations : la question de l’identité, la relationégalitaire entre individus, s’émanciper de rôles ou de situations qu’on nousassigne. Je lui demande comment il voit le monde en tant qu’homme de son âge,brésilien, danseur, hip hopeur. Toutes ses réponses racontent sa façon d’êtredans la danse et le mouvement. Je commence à penser que je devrais faire unepièce comme un portrait. Faire sortir l’homme à travers le mouvement.L’interviewer sur scène. En octobre 2015, nous nous revoyons à Rio et je luipropose d’inviter d’autres danseurs à se joindre à nous. Il me présente Rennanet Tito. Ils sont tous trois physiquement très différents et avec descaractères très marqués. »
FabriceRamalingom
FabriceRamalingom, né en 1965,commence sa carrière de danseur interprète auprès de Dominique Bagouet auCentre chorégraphique national de Montpellier en 1988, juste après ses étudesau Centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC). En 1992, il dansedans la pièce One story as in falling, créée par Trisha Brown. Cettemême année, à la mort de Dominique Bagouet, la compagnie cesse ses activités.Il fonde alors avec d’autres danseurs de cette compagnie les Carnets Bagouet, une cellule deréflexion et de transmission des œuvres du chorégraphe décédé. En 2002, àMontpellier, il revendique la notion de transdisciplinarité en créant avec uncollectif d’artistes, Changement de Propriétaire. En 2005, il est conseillerpour la formation exerce du Centre chorégraphique national de Montpellier. En2006, il fonde sa nouvelle compagnie R.A.M.a. et crée en 2007 Comment sement. La même année, il produit Postural, une pièce-étude pour quinzehommes de générations différentes. Pour les trente ans du Festival MontpellierDanse, en 2010, il signe Pandora Box / Body. Cette même année, il estdésigné chorégraphe associé à L’Agora, Cité internationale de la danse puis auCDC Uzès Danse.
La notion d’émancipation traverse mesœuvres et s’inscrit comme un axe fondamental de ma démarche. J’aime l’idée quel’on a le pouvoir de se libérer d’une situation, d’un mouvement, d’une relationet ainsi d’échapper à une condition que l’on nous assigne. Dans les années1985-90, le hip hop commence dans les banlieues parisiennes où j’habite. Jetrouve remarquable d’utiliser la danse dans la rue comme moyen d’expression. Àla même époque, face au tsunami appelé « sida », les homosexuels crient leurexistence en dansant frénétiquement dans les clubs, acte résistant en arborantle tee-shirt d’Act-up où il est écrit « Danse = Vie ». Et je commence à fairede la danse mon métier. Intuitivement, je trouve le hip hop enfermant. Entrechaque figure acrobatique, les danseurs font un geste, une posture qui faitréférence au comportement cliché du « mec » de banlieue, cool, viril avec unsoupçon d’arrogance et de menace. Je ne m’y retrouve pas. (…) De plus, assumantdéjà mon homosexualité, je vois dans la danse hip hop l’utilisation de codeshétérosexuels normés non questionnés et une trop forte démonstration de forcesmasculines pour signifier une certaine vision de lavirilité ainsi qu’une volonté de ne surtout pas être comparé au danseur ouplutôt à son cliché : danseur = sensibilité = pédé. Donc pour moi : hip hop =no way ! Vingt-cinq ans après, je vois une pièce de Bruno Beltrão. Il essaievia le hip hop un principe d’égalité entre les individus et semble mêmedévoiler de la tendresse, de la faiblesse. Je suis extrêmement surpris, séduitet même ému. C’est l’inverse de ce que je peux voir dans les autres spectaclesde hip hop qui gardent un goût de battle où comparaisons et évaluationssupplantent le sens dramaturgique. Ce soir là chez Beltrão, je découvre surscène Eduardo Hermanson. Il danse avec précision et inventivité. Cet homme mefait changer mon regard sur le hip hop et je commence à remettre en questionmes aprioris. En 2014, il me contacte car il cherche un chorégraphe pour lemettre en scène. Je le rencontre au Brésil, à Rio et cet échange déclenche chezmoi une envie de mieux comprendre cette danse et de m’intéresser aux différentsstyles et techniques.
Fabrice Ramalingom
Nós,tupi or not tupi ?
Théâtre de la Vignette – Route de Mende Université Paul Valéry- Montpellier
Conception et chorégraphie : FabriceRamalingom
Interprétation et chorégraphie : Eduardo Hermanson, Renann Fontoura, TitoLacerda
Assistant et dramaturge : MatthieuDoze
Lumière : MaryseGautier
Musique : FrançoisRichomme
Scénographie et costumes : ThierryGrapotte
Mercredi28 et jeudi 29 juin à 20 heures
Tarifs :15 à 22 euros
Réservation,information : 0 800 600 740
ProgrammeFestival Montpellier Danse : www.montpellierdanse.com
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