Montpellier : Rodrigo García tire sa révérence et déballe tout !
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Montpellier : Rodrigo García tire sa révérence et déballe tout !

 

Rodrigo García, auteuret metteur en scène hispano-argentin reconnu par la critique pour son talent, quittele Centre Dramatique National de Montpellier – humainTROPhumain. Dans uncommuniqué, il confie en toute franchise, les raisons qui l’ont conduit à nepas renouveler son contrat qui prendra fin en décembre 2017 : un Grandquitte la scène de Montpellier…

 

« Je m’empressed’écrire quelques lignes pour expliquer les raisons pour lesquelles je n’ai pasrenouvelé mon contrat à la fin de mon mandat au CDN de Montpellier en janvier2018. De cette façon, j’espère au moins que la presse aura les élémentsnécessaires pour traiter la nouvelle sans avoir besoin d’inventer quoi que cesoit, de supposer quoi que ce soit ni, enfin, de faillir involontairement à lavérité. Je dois avant tout souligner que c’est le jour où mon contrat prendrafin que je ne le renouvellerai pas. C’est-à-dire que je remplis mon contrat, queje tiens l’engagement que j’ai pris le 1er janvier 2014.

Pour commencer, unechose que je ne peux pas oublier : le projet hTh a été et demeure pour moiun privilège. J’ai pu mettre un rêve en marche, grâce à la collaboration et àl’investissement de toute l’équipe de ce théâtre ; et je seraiéternellement reconnaissant à ceux qui au Ministère ont cru en mon projet,ainsi qu’aux institutions locales et, plus que tout, à chaque spectateur.

Lorsque j’ai signé moncontrat, je savais que je disposais d’un budget plus que limité pour développerce projet. Certainement l’un des plus petits budgets de tous les CDN de France.Même ainsi, je restais convaincu que je pourrais réaliser une grande partie dece que je m’étais proposé de faire dans mon dossier de candidature. Ce à quoije ne m’attendais pas ce fut de recevoir, un mois après être arrivé,c’est-à-dire au tout début de mon mandat, la nouvelle d’une coupe budgétaire del’Agglomération de Montpellier de 100 000 euros. Des 450 000 eurosdont je disposais plus ou moins  pour les activités artistiques, il ne merestait plus que 350 000. C’était là le moment de démissionner, et je nel’ai pas fait. Je ne le regrette pas. Mais quatre années à ramer à contre-courantsont plus que suffisantes, surtout lorsque l’on ne reçoit aucun signed’encouragement de ceux qui soutiennent économiquement ce théâtre.

Dans la mesure où lechangement que mon projet supposé était radical, j’ai trouvé logique derebaptiser ce théâtre, pour qu’il soit bien clair que nous commencions quelquechose de nouveau, de différent, et qui nous remplissait d’enthousiasme. J’aiappelé le CDN « Humain trop humain », et j’ai encore en mémoire leton, proche du cri, du représentant de l’Agglomération lors d’un comité desuivi, nous opposant un refus catégorique qui par la suite allait seconcrétiser. Quoi qu’il en soit, j’ai réussi à rebaptiser le CDN Humain trop humain, même si le bâtimentlui-même n’a pas changé de nom. Ce qui a rendu les choses confuses pour lepublic, qui ne savait plus où il mettait les pieds. Ce geste d’incompréhensionde la part de l’ex-Agglomération, aujourd’hui Métropole de Montpellier, ne futque le second (le premier étant les 100 000 euros) d’une longue liste.

Nous savons que ce CDNsouffre de son emplacement. Il se trouve en périphérie de la ville, à unendroit où le tram n’arrive pas. Nous sommes tout de suite retournés frapper àla porte de l’Agglomération pour qu’elle nous aide en mettant àdisposition des bus spéciaux. Encore une fois, ce fut un refus catégorique, cequi nous a contraints à acheter un mini bus de neuf places qui chaque soir faitdes allers–retours continus pour amener du public depuis la ville jusqu’authéâtre.

J’ai remarqué à monarrivée que l’un des problèmes financiers du théâtre venait d’un atelier deconstruction de décors déficitaire que nous partagions avec l’Opéra deMontpellier. Voyant que celui-ci ne s’en souciait guère et que le CDN prenaittous les frais en charge au détriment des projets artistiques (c’est-à-direqu’il restait encore moins d’argent pour la production et la programmation),j’ai mis le sujet sur le tapis à chaque comité de suivi. Pour toute réponse lesilence, rien que le silence.

J’ai proposé à laMétropole de récupérer un très joli petit bâtiment du CDN inutilisé, tombant enruines, pour en faire mon bureau. Des architectes sont venus et ont dessiné unprojet fantastique qui à ce jour n’a toujours pas été réalisé. Trois années sesont écoulées et je continue, en tant que directeur, à recevoir les gens et àtravailler dans une loge, que je dois quitter les rares fois où nous recevonsune compagnie nombreuse. Au niveau personnel, mes créations souffrent de cettesituation, puisque je pouvais auparavant monter des pièces avec plus d’argent,alors que je dois à présent m’adapter à des budgets serrés. Le pire, c’estl’impossibilité de faire venir de grandes compagnies avec des pièces majeures(qui sont des atouts pour le public) parce que nous n’avons pas assez d’argent.Mon intention de fonder une compagnie permanente est restée endemi-teinte. D’abord parce que les moyens sont insuffisants pour la fairegrandir, ensuite par impossibilité de collaborer avec l’ENSAD, du fait de savolonté de se tenir à l’écart du CDN, malgré mon insistance.

Et puis enfin, leprojet de transfert du CDN au Domaine d’O. A l’heure actuelle, on ne nous atoujours pas dit dans quelles conditions cela se ferait, avec quels moyenséconomiques, quelles seraient nos compétences, ni ce qu’il adviendrait dessalariés actuels du Domaine d’O… Tout est flou.

Devant ce panorama queje dresse sous vos yeux, vous semble-t-il abracadabrant que je décide de ne pasrenouveler mon contrat pour trois ans de plus ? Qu’est-il advenu dudialogue, où sont passés les échanges d’idées et la collaboration avec lespartenaires qui soutiennent ce lieu public ?

Pour finir je veux répétertrois fois le mot mensonge. C’est un mensonge de dire que notre théâtre n’a pasde public. Ceux qui le disent sont ceux qui ne viennent pas, et qui pensent queparce qu’ils ne viennent pas, les autres habitants de Montpellier non plus. C’estun mensonge de dire que le projet ne reflète pas la ville. Jetez un œil dans lehall du théâtre et vous verrez toutes sortes de gens, de tout âge et de tousmilieux confondus. C’est un mensonge de dire que dans mon cas un CDN est peutêtre une charge trop lourde parce que je suis un artiste. Au bout du compte, laraison de mon départ est celle-ci, que cette charge, moi je la souhaite pluslourde encore, parce que je me suis battu pour que ce CDN soit plus grand, danstous les sens du terme, et je vois que mes efforts ont été vains. Ditautrement : j’ai plus de forces et d’enthousiasme que nécessaire pour cetravail.

Je quitterai ce CDN endécembre 2017 avec tristesse. Voir le public prendre plaisir aux pièces et endébattre, voir les participants aux laboratoires et aux workshops, prendre partà de si nombreuses activités et à une telle vitalité va me manquer. »

Rodrigo García

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