L’année du Tigre!
20 h 30. Je sonne chez Madame P., qui m'a aimablement conviée à son réveillon du nouvel an chinois. Sous un plafond parsemé de fleurs et une pièce décorée de rouge – pas de blanc lors du nouvel an chinois, qui est mal vu -, je m'assieds auprès d'une quinzaine de convives, qui discutent joyeusement dans leur langue maternelle. I
ls sont lettrés, peintres ou restaurateurs. Ils sont issus de différentes régions de la Chine et se connaissent depuis plus ou moins longtemps. Pourtant, rien n'y paraît dans leur façon de se taquiner. Contre toute attente, je ne suis pas la seule française invitée à la soirée : deux membres de l'association "Vent d'Asie" sont assis à côté de moi.
Anecdote : l'un de mes compatriotes se risque à demander à un jeune homme d'une vingtaine d'années s'il parle notre langue. Celui-ci répond dans un français impeccable "pas du tout" : c'est la fils de l'hôtesse, qui a grandi en France et qui fait ses études à Paris. Rires de l'assemblée. L'atmosphère est détendue : le repas peut battre son plein.
En Chine, chaque réveillon est une fête qui met en avant les notions de partage et de convivialité. Tout est posé sur la table et chacun se sert directement dans le plat : la formule "Faites comme chez vous" n'est vraiment pas à prendre au sens littéral ! Mes baguettes – puis ma fourchette, je l'avoue – croisent le traditionnel nian gao , spécialité de la Chine du Sud censée m'"élever" dans ma vie professionnelle. Puis des poissons et des pieds de porc. D'abord réticente, je goûte finalement. En fait, l'essai s'avère plutôt concluant : j'en reprends deux fois. Je remarque une attention touchante de la part de l'hôtesse : parmi les plats chinois, elle a glissé un boeuf bourguignon à notre intention. Mais ce n'est pas le seul produit français qui trône sur la table. Une bouteille de Bordeaux accompagne les plats : il faut dire que les Chinois sont très friands de vin, qu'ils savourent lors de petites et grandes occasions. Soudain, à la table, mouvement de foule : certains partent, d'autres arrivent. Peu importe tant que nous restons assez nombreux pour contrer les effets néfastes du dragon Nian. Une légende que beaucoup de jeunes chinois semblent méconnaître aujourd'hui, me confie une amie. Dommage ! En attendant, après le repas, place aux sucreries ! Je goûte à une spécialité du Sud incroyable : une délicieuse racine de lotus confite. Un autre gâteau m'intrigue : de forme ovale, sa couleur et sa consistance ressemblent à une sorte de glaçage mauve. Je vais en prendre. Mais, on me prévient : lorsqu'on a bu un verre d'alcool, il vaut mieux éviter cette pâte – très bonne d'ailleurs- qui se solidifie dans l'estomac comme du ciment. Peu téméraire, je renonce à goûter au gâteau. Une prochaine fois peut-être…
Les douze coups de minuit approchent à grands pas. Pas de pétards ni de feux du Bengale à l'horizon. La loi en interdit l'utilisation dans l'enceinte de la ville. Alors, Chinois de Chine et Chinois de Montpellier s'adonnent à leur seconde passion : le karaoké. En effet, le chant est incontournable dans la culture chinoise. Il se pratique à tous âges, entre amis et même en famille. Les micros sont branchés, les bandes sonores sont calées et c'est près de 10000 airs qu'ils sont prêts à nous entonner, des classiques chinois aux récents tubes américains ( Californication). Quand je quitte mes hôtes d'un soir, les rires et les chants m'accompagnent sur la chemin. La nuit promet d'être longue….Xin nian kuai le!
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