A la BnF Paris, les lauréats de l’édition 2023 du Praemium Impériale ont été dévoilés le 12 septembre. Considéré comme le Nobel des arts, il s’agit de l’un des Prix artistiques les plus prestigieux. Il a été créé il y a une trentaine d’années pour le Centenaire de la Japan Art Association qui est la plus ancienne fondation culturelle du Japon. Pour cette trente-quatrième édition, le palmarès a une teinte américaine, mais l’artiste qui se distingue est l’architecte Burkinabé Diébédo Francis Kéré, car ce Prix n’avait jamais été attribué à un architecte né sur le continent africain.
Une architecture adaptée aux besoins locaux
Cent-soixante-dix artistes ont déjà été récompensés par le Praemium Impériale comme Pierre Soulages, Peter Brook… D’une dimension universaliste, ce Prix reconnaît l’expression de talents dans de grandes disciplines culturelles et la contribution à l’amélioration de l’humanité. Les comités de sélection élargissent leurs choix d’artistes au-delà de leurs implantations géographiques pour que les artistes du monde soient récompensés. Pour cette édition, Francis Kéré (Burkina Faso, Allemagne – né en 1965) est consacré dans le domaine de l’architecture. Une de ses premières réalisations est l’école de son village natal. Il a su proposer une architecture adaptée aux besoins locaux avec des matériaux de construction et des savoir-faire de son pays d’origine. Avec humour, Francis Kéré rappelle que cette école a permis aux enfants de pouvoir écouter sans s’écrouler sous la chaleur ! C’est la première fois qu’un architecte originaire d’Afrique obtient le Prix Praemium Impériale.
Pour la catégorie peinture, Vija Celmins (États-Unis – née en 1938) qui est également sculptrice a été récompensée. Son art minutieux représente la nature par de nombreux détails, Vija Celmins parvient à réaliser des toiles semblables à de la photographie : mer, désert… Née en Lettonie, Vija Celmins a vécu dans un camp de réfugiés. A l’âge de neuf ans, elle est scolarisée aux États-Unis sans connaître la langue, et elle commence à dessiner. L’artiste continue à considérer que son art s’exprime d’abord par ses œuvres : « Il me semble que je peins des choses que je ne peux pas dire avec des mots. »
Œuvres éphémères
Olafur Eliasson (Islande, Danemark – né en 1967), lauréat pour la sculpture, s’engage pour la défense de l’environnement. Il questionne notre place en lien avec la crise climatique. L’artiste surprend par sa maîtrise de la lumière et des couleurs, ses œuvres éphémères connaissent un important succès : The weather project (Tate Modern Londres, 2003) – l’illusion d’un soleil géant ; Ice Watch dans plusieurs villes dont Paris pour sensibiliser à la fonte des glaces de l’Arctique.
Le Prix musique a été attribué au trompettiste-compositeur Wynton Marsalis (États-Unis – né en 1961). Fils du grand pianiste de jazz Ellis Marsalis (1934-2020), il a étudié la musique classique et promeut le jazz. Il est également très investi pour l’éducation musicale.
Robert Wilson (États-Unis – né en 1941) est le lauréat des domaines théâtre et cinéma. Scénographe de génie, il fusionne avec poésie le texte, les arts visuels et sonores, en créant des espaces « qui aident à entendre les mots ».
Deux organismes à visée associative ont été promus pour le Prix d’encouragement pour les jeunes artistes : Harlem School of Arts de New York, pour l’éducation aux arts et à la culture des populations défavorisées de New York ; Rural Studio d’Alabama qui œuvre pour les logements abordables et l’écologie. Chaque lauréat du Praemium Impériale reçoit la somme de 15 millions de yens, près de 96 000 euros. La cérémonie de remise des Prix aura lieu le 18 octobre prochain à Tokyo, au Japon.
Fatma Alilate