Mercredi 29 mai 2013 peu après 18h, Vincent et Bruno se sont dit oui. Une date et un geste historiques pour l’égalité dans notre pays.
Avant de se dire oui devant Hélène Mandroux, Vincent et Bruno ont dû se remémorer les épreuves que chacun a traversé. Des premiers combats pour la tolérance et l’égalité à la promulgation de la loi Taubira pour arriver à ce jour historique. Pour la première fois en France, un mariage entre deux personnes du même sexe a été célébré. Tout simplement.
Tout simplement mais pas forcément en toute simplicité. 200 proches, quelques 300 invités (de très nombreux élus) et près de 280 journalistes et techniciens accrédités seront témoins du premier mariage entre deux personnes du même sexe. Hélène Mandroux ne voulait pas d’un barnum. La cérémonie fut épargnée. Les à côtés un peu moins. Des craintes existaient mais de l’inquiétude très peu. Les médias nationaux, si alarmistes, s’étonnent de la surmédiatisation du mariage tout en multipliant les équipes de tournage ou les rédacteurs d’un même titre. Comme si les anti-mariages, si nombreux à Paris le week-end dernier, devaient obligatoirement venir gâcher la fête. Les représentants locaux du mouvement avaient annoncé qu’ils ne manifesteraient pas devant la Mairie. De Paris seuls les journalistes sont descendus en nombre. Alors oui, avant et après la noce c’était un barnum. Mais l’essentiel fut sauvé. Hélène Mandroux a pu unir Vincent et Bruno dans la dignité et le respect d’un mariage ordinaire.
Vers 16h30, les invités, après avoir été fouillés, investissent la salle. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, venue en tant qu’amie du couple rejoint sa place accompagnée de quelques applaudissements. Derrière la Mairie, une poignée de manifestant allument des fumigènes et sont immédiatement interpellés. Dans la salle, les convives ont à peine remarqué l’incident. C’est alors au tour d’Hélène Mandroux d’avancer et de recevoir une petite ovation de la part du public. Comme une reconnaissance.
Les amoureux Vincent et Bruno pénètrent dans la salle main dans la main au son du L.O.V.E de Nat King Cole : “Take my heart and please don’t break it, Love was made for me and you. (Prends mon coeur et je t’en supplie ne le brise pas, L’amour a été crée pour toi et moi)“. Vincent porte une cravate, Bruno un noeud papillon. Après avoir tant de fois marché pour la fierté de la cause homosexuelle, ils marchent cette fois vers le bonheur d’être unis. Avec la même joie et la même émotion que n’importe quel couple.
La voix d’Hélène Mandroux tremble dans les premières minutes : “Ce jour vous l’avez rêvé, et ce jour devient une réalité. Vincent, Bruno, nous allons, vous allez vivre un moment historique. Un moment historique pour notre pays pour notre République.” Le discours est retransmis à l’extérieur. A chaque évocation de la lutte pour faire passer le mariage pour tous, la foule massée sur le parvis Georges-Frêche se fait entendre par des applaudissements.
Les deux “oui” de Vincent et Bruno officialisent leur mariage et rendent réelles la loi Taubira. “C’est donc un grand honneur pour moi de vous dire que vous êtes unis par le mariage au nom de la loi.” à cet instant où les mots d’Hélène Mandroux résonnent dans la salle, les applaudissements montent. Comme autant d’émotions de toute une famille mêlées à la concrétisation d’une lutte égalitaire. Et si certains avaient encore besoin d’une ultime preuve que deux hommes ou deux femmes qui s’aiment ont le droit légitime d’accéder au mariage, il suffit de voir les regards échangés entre Vincent et Bruno. De l’amour, rien que de l’amour.
Une fois les alliances échangées, les époux ont pris la parole. Vincent adresse ses premiers mots aux militants, remercie les invités et lance un message de tolérance aux opposants en citant Martin Luther King : “Si une loi ne peut pas nous obliger à nous aimer par contre elle peut nous obliger à ne pas se faire lyncher.” C’est alors avec beaucoup d’émotion que Vincent s’adresse à sa mère et annonce avec fierté : “On s’appellera Vincent et Bruno Boileau-Autin“.
Vincent, Bruno et Hélène Mandroux, avant de rejoindre leurs invités, ont répondu aux sollicitations des journalistes. Si leur mariage a été aussi médiatisé c’est qu’il représente un symbole mais aussi une démonstration. Une démonstration que la loi évolue avec la société, que les familles changent, que notre civilisation ne va pas s’effondrer, que les couples hétérosexuelles pourront continuer à se marier et que tout cela n’a rien d’extraordinaire. Sauf pour Vincent et Bruno bien sûr. Samedi deux mariages entre deux hommes et deux femmes seront célébrés à l’occasion de la Gay Pride. Un événement aujourd’hui, une normalité demain.
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