Si l’amour du prochain jamais ne sera à hauteur de conjurer la menace de l’apocalypse, nous souhaitons ici faire résonner, donner à entendre la vulnérabilité des Visages, qui dans leur immanence et leur nudité encore relient les hommes et les appellent à la responsabilité. (…) Il s’agit, par résonances poétiques, de faire advenir et donner à contempler un corps (social), tout en rendant palpable l’absence de ce « cadavre exquis » qu’est le corps même du Christ, l’impossibilité de sa Résurrection.
Sandra Pocceschi
Jusqu’au vendredi 3 février 2017, Stabat Mater du compositeur tchèque Antonin Dvořák (1841-1904) est sur la scène de l’Opéra Comédie. Ce chant religieux, en hommage à la Vierge Marie, traite du deuil et fit écho à la vie personnelle du compositeur qui perdit trois enfants. Malgré sa douleur, Antonin Dvořák a inscrit Stabat Mater dans la retenue et l’espérance. A l’Opéra Comédie, le célèbre oratorio est mis en représentation par Sandra Pocceschi et Giacomo Strada.
Un texte qui a traversé les siècles
Stabat Mater (La Mère Debout) est considéré comme l’un des plus beaux textes latins du Moyen Âge, le thème est la souffrance de la Mère du Christ au pied de la Croix. La composition d’Antonin Dvořák offre une expressivité intense et poétique. C’est la première œuvre sacrée du compositeur, elle est intimement liée à la tragédie qui frappe sa famille. En moins de deux ans, Antonin Dvořák voit disparaître ses trois enfants. Il réalisa deux versions ; c’est la version finale pour solistes, chœur et orchestre qui est proposée à Montpellier avec une vision scénique contemporaine. Dans cette partition, Dvořák parvient à dépasser sa souffrance pour concevoir une œuvre touchante et sincère, à la dimension universelle. Stabat Mater contribua à la renommée internationale du compositeur. De la campagne tchèque aux plus grandes scènes, Antonin Dvořák connut un beau parcours.
L’ascension d’un musicien tchèque
Fils du boucher d’un village, Antonin Dvořák apprend le violon. Particulièrement doué, il part étudier à l’école d’orgue de Prague. A l’orchestre du Théâtre de Prague, il occupe le poste d’alto solo, ce qui lui permet d’observer ce qui se passe dans l’orchestre en étant au centre de la polyphonie des cordes. Il découvre aussi le répertoire lyrique et symphonique européen, sous la baguette de chefs d’orchestre prestigieux tels que Bedřich Smetana. Il se dirige vers la composition et s’impose rapidement comme l’un des grands compositeurs tchèques, unissant à son langage musical des éléments du folklore. Pour ses activités, il se rend en Europe et aux États-Unis avant de revenir dans sa Bohême natale où il se consacre dans ses dernières années au poème symphonique et à l’opéra.
Stabat Mater est interprété par des solistes, le chœur, et les musiciens de l’Orchestre national Montpellier Occitanie. Cette œuvre de Dvořák incarne la douleur du deuil par la gravité des voix et des instruments. Mais la souffrance est dépassée, et la composition progresse vers la lumière. Laurence Equilbey est à la direction, cette chef d’orchestre a enregistré un disque de la première version de Dvořák pour solistes, chœur et piano.
Fatma Alilate
Stabat Mater d’Antonin Dvořák
Opéra Comédie
11 Boulevard Victor Hugo – Montpellier
Stabat Mater opus 58, B. 71 pour soli, chœur et orchestre
Oratorio chanté en latin avec surtitres en français
Livret en latin de Jacopone da Todi – Création le 23 décembre 1880 à Prague
Laurence Equilbey, direction musicale
Sandra Pocceschi et Giacomo Strada, conception et réalisation
Jusqu’au vendredi 3 février 2017 à 20 heures
Tarifs : 19 € à 65 € (tarifs réduits enfants, demandeurs d’emploi, non imposables, étudiants…)
Réservation – Billetterie Opéra Comédie : + 33 (0) 4 67 60 19 99
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