Les vieux murmures
de la maison détruite
brillent dans les mains de mon ombre
ils veulent rester toujours ensemble
près du grand silence de la mer
Luis Mizón
Les éditions Méridianes nous invitent à l’imaginaire par la découverte poétique d’une écriture graphique d’un peuple disparu1. Le livre Mata Ki Te Rangi / L’île dont les yeux regardent le ciel de Luis Mizón (né en 1942), écrivain chilien installé en France depuis 1974, donne vie à l’âme enfouie d’une culture dont les témoins ne sont plus. Les poèmes offrent un itinéraire dans l’Île de Pâques avec les Ahu comme étapes. Ces temples en ruine sont condamnés au silence de l’oubli, tout comme l’écriture Rongo-rongo qui n’a jamais pu être déchiffrée.
Des poèmes pour une île
Chaque poème de Luis Mizón a pour identifiant le nom d’un temple avec ses coordonnées géographiques. Les mots ancrés dans ces lieux ont pour image l’écriture Rongo-rongo : « Une maison de paroles / faite de ruines / des fragments d’échos ». Depuis des années, Luis Mizón s’interroge sur les hommes de ce bout de terre qui mêlaient sacrifices et rites. Son recueil est un livre-voyage dans le temps, il y a la thématique de l’eau qui entoure cette île très isolée, découverte tardivement. On devine les gens, ce pourrait être… les statues monumentales de l’île. Par la lecture, nous partageons des confidences : « Nous sommes peu à savoir qu’un dessin sur le sable est la maison de l’esprit ».
Une écriture mystérieuse
Le recueil de Luis Mizón s’anime par des figures dessinées. Cette graphie de l’écriture Rongo-rongo est énigmatique, et elle semble parfois danser. Les signes ont été extraits de tablettes en bois et d’anciennes archives chiliennes. Nous « lisons » une gestuelle ou des formes : bonhommes, poissons, attitudes… La population à l’origine de ces pictogrammes a disparu et le sens est perdu. Les graphes d’une incroyable modernité ont aussi un aspect enfantin, proche du ludique et pourraient incarner des personnages. Par ses mots, Luis Mizón parvient à faire revivre les « traces » de cette civilisation éteinte.
Mata Ki Te Rangi/ L’île dont les yeux regardent le ciel est un livre hommage à ceux qui ne sont plus et dont les « vestiges » interpellent par leur beauté silencieuse. Les poèmes évoquent les Ahu, ces maisons en ruine, ils permettent une rencontre avec l’écriture Rongo-rongo. L’Île de Pâques et ses mystères fascinent, elle est célèbre pour ses immenses statues, les Moaï, dont le regard semble se porter vers le ciel…
Fatma Alilate
Notes1 : Le peuple pascuan s’il a perdu une très grande part de sa culture et ne peut plus déchiffrer les Rongo-rongo existe encore, mais il a été largement décimé par l’esclavage. Près de deux mille personnes se considèrent comme Pascuanes, elles sont souvent issues de différentes populations.
Mata Ki Te Rangi / L’île dont les yeux regardent le ciel – Luis Mizón
Éditions Méridianes – Collection Liber
ISBN :978-2-917452-51-6 87 pages – Prix : 15 euros
Les titres des éditions Méridianes sont disponibles dans les librairies de Montpellier. Possibilité de passer commande auprès des éditions Méridianes avec ajout de trois euros pour les frais de port.
Éditions Méridianes – 6 rue Salle l’Évêque – 34 000 Montpellier
editionsmeridianes@gmail.com
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